Conseils d’une consultante en lactation certifiée IBCLC

conseils d'une consultante en lactation certifiee ibclc carole herve avec karine majet photographe

Voici quelques conseils d’une consultante en lactation certifiée IBCLC pour que l’allaitement soit vécu de la meilleure manière possible. En effet, au fil des shootings naissance, j’ai le plaisir d’accueillir dans mon studio de jeunes mamans, qui ont à cœur d’être des mamans exemplaires. Mais quelque fois, une maman a du mal à bien gérer les premiers jours d’allaitement, ce qui peut provoquer du stress et de la fatigue.

Aussi, j’ai demandé à Carole Hervé de nous donner quelques trucs et astuces pour être des parents sereins et avoir plaisir à allaiter. Sortie de la maternité, vous n’êtes pas seule. Il est bon de le rappeler. Vous pouvez vous faire conseiller par une spécialiste en lactation. Voici des questions de mamans, pour répondre à vos interrogations du quotidien.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le rôle d'une consultante en lactation certifiée IBCLC et la différence avec une sage-femme, un pédiatre et une conseillère en lactation ?

La consultante en lactation certifiée IBCLC est l’experte reconnue en matière de soutien à l’allaitement. La sage-femme, le pédiatre tout comme le médecin généraliste ont habituellement une formation courte et généraliste sur le sujet de l’allaitement.

Certains complètent celle-ci par une expérience personnelle et également des formations complémentaires.

La consultante en lactation IBCLC a suivi quant à elle une formation longue et spécifique. Elle a rempli un grand nombre de prérequis et obtenu une certification délivrée par un examen international, valable 5 ans, qu’elle s’engage à renouveler aussi longtemps qu’elle porte le titre.

photo culte petits pieds de bébé dans les mains de parents karine majet photograhe

Vous pourrez vérifier la validité du diplôme. Cela implique ainsi qu’elle se tienne à jour de la recherche récente en la matière.

Nous travaillons en lien avec les professionnels de la périnatalité. Notre rôle est complémentaire. Il ne nous est pas permis de poser un diagnostic ou de prescrire des traitements médicaux.

C’est pourquoi il est essentiel pour nous de nous appuyer sur un réseau solide de professionnels vers lesquels nous pouvons orienter les mères lorsque la situation le requiert.

baby girl photo session baby portrait with purple headband

Par exemple, si une mère présente des symptômes de mastite ou d’abcès, nous partageons avec elle les conseils de base et nous l’orientons vers un radiologue qui pourra faire une échographie et également lui prescrire une antibiothérapie adaptée si nécessaire.

Pour nous trouver, deux adresses : Association française des consultantes en lactation et Vanilla Milk.

Comment se passent les consultations et suis-je obligée de venir dans votre cabinet ?
Faut-il venir plusieurs fois ?

La consultation consiste dans un premier temps à recueillir un historique détaillé de l’histoire de l’allaitement de la maman qui comprend également des détails sur ses antécédents médicaux, le déroulement de sa grossesse, de son accouchement aussi.

S’ensuit un dialogue sous la forme de questions-réponses au cours de laquelle la consultante va étayer ses réponses avec des informations qui s’appuient sur la physiologie et permettent à la maman de comprendre en quoi les suggestions qui suivent s’adaptent à son profil spécifique et à sa situation individuelle.

Nous sommes amenées à observer une tétée généralement, à évaluer avec la maman si le transfert de lait est optimal à accompagner un positionnement confortable pour la maman comme pour son enfant.

Lorsque la consultation se déroule en cabinet, il est courant que nous pesions le bébé et aussi que nous soyons amenées à évaluer la succion du bébé par un test digital.

Ceci étant, nombre d’entre nous sont entraînées à faire des téléconsultations. C’est un exercice qui requiert de connaître parfaitement la physiologie et quand la consultante à la chance d’avoir complété sa formation par la certification d’accompagnante en Biological Nurturing (formation délivrée par le Dr Suzanne Colson), elle est naturellement amenée à accompagner les mères alors même qu’elles ne sont pas en présence l’une avec l’autre.

shooting naissance fontenay-aux-roses bébé fille endormi couverture blanche sur le dos karine majet studio paris

Pour l’anecdote, j’accompagne des mères vivant à l’étranger depuis des années maintenant. Revoir la position du petit Daniel au sein alors que sa maman vit à Bali, aborder la délicate question du sommeil avec la maman de Joachim qui vit à Boston ou celle d’Ernest depuis Amsterdam, revoir la diversification de la maman de Timothée qui demeure à Phnon Penh ou la manière de concilier allaitement et travail, évoquer des stratégies pour apaiser les symptômes de reflux chez cette autre maman qui vit à Poitiers, permettre à Yanis de s’accrocher au sein alors qu’il ne l’a pas fait depuis sa naissance et s’assurer que sa croissance est optimale.

Bref, on peut répondre à un certain nombre de questions, même à distance.

C’est ainsi que de nombreuses mères choisissent de se faire accompagner tout au long de leur allaitement, en fonction des questions qui surviennent.

Y-a-t'il une prise en charge financière par la sécurité sociale ou la mutuelle ?

Le métier de consultante en lactation IBCLC n’est pas reconnu encore par la sécurité sociale. Certaines mutuelles d’assurance, en particulier, les mutuelles internationales sont parfois susceptibles de couvrir tout ou partie du coût de la consultation.

Il est bon de souligner que certaines grandes entreprises ont rallié le programme Cleo family qui propose que l’entreprise prenne en charge les frais de la consultation d’allaitement pour leurs salariés.

Une initiative qui tend à se développer.

A quel moment puis-je vous consulter ? Tout de suite après la maternité ? Si mon bébé perd du poids au bout de 10 jours ?

Les mères peuvent nous contacter en pré-natal pour compléter le cours dispensé par leur sage-femme ou leur médecin gynécologue en matière d’allaitement. Elles peuvent nous solliciter pour s’assurer que leur allaitement démarre de manière optimale et bien évidemment à la moindre difficulté.

Parmi les plus courantes, on cite bien évidemment le bébé qui peine à prendre du poids, la persistance de douleurs. Toutes les questions sont bonnes à poser à votre consultante en lactation.

Vous vous interrogez sur la compatibilité d’un traitement avec l’allaitement, une douleur est survenue alors que tout allait bien, votre bébé dort beaucoup ou au contraire peu et vous êtes inquiète, vous vous apprêtez à diversifier votre allaitement en introduisant des aliments solides et vous craignez que votre bébé ne refuse le sein. Parfois votre consultante vous répondra simplement par email ou pas SMS.

Parfois, il sera bon de programmer un rendez-vous plus complet pour lever ces inquiétudes.

Dites-vous qu’à chaque fois que vous ne trouvez pas une réponse spontanée et logique aux questions qui vous préoccupent, il est bon d’en référer à une personne compétente.

consultante en lactation certifiee IBCLC reponse d'une professionnelle de sante carole heve avec karine majet photographe

Je suis très fatiguée et le fait d’allaiter 24h/24 est épuisant. Puis-je faire de l’allaitement mixte certaines nuits pour que mon mari m’aide un peu et que je me repose ?

La fatigue est l’ennemi de la jeune mère, nous le savons toutes.

Si vous allaitez 24h/24, non stop en somme, c’est sans doute que l’allaitement a peiné à s’installer.

Une fois la lactation installée, les bébés ne tètent pas sans discontinuer, ils parviennent même souvent à espacer les tétées de sorte que leur mère peut s’octroyer des moments de pauses.

Ces pauses méritent d’être exploitées pour vous permettre de vous ressourcer plutôt que de vous précipiter sur la vaisselle, la planche à repasser ou la pile de papiers administratifs restés en souffrance.

Il est probable que cette remarque soit simplement un aveu d’épuisement et vous recherchiez légitimement des solutions pour vous soulager un peu.

Les études ont démontré que lorsque l’allaitement se passe bien, la mère allaitante dort 30 – 40 minutes de plus que si elle n’allaite pas.

La façon dont le complément de lait artificiel est introduit peut rapidement apporter un certain nombre de difficultés (douleurs des seins car leur drainage n’est plus optimal, baisse de lactation, réaction allergique du bébé ou développement d’intolérances qui se caractérisent par des irruptions cutanées ou des pleurs inexpliqués, sevrage insidieux et plus rapide que souhaité…).

Donc, reprenant l’adage « prudence est mère de sûreté », il est parfois utile de consulter avant de prendre une décision hâtive.

En cas d'allaitement mixte, j'ai un peu peur que mon enfant ne prenne plus le sein s'il utilise de temps en temps un biberon. Y-at-il un risque avéré ? Avez-vous un type de biberon à me conseiller ?

Oui le risque est bien réel de voir le bébé refuser le sein si l’on a introduit des biberons précocement, en quantité, au moment du calibrage de la lactation. Nous le savons, les premières semaines sont intenses pour qui ne s’y attend pas.

On consacre le plus clair de notre temps à notre bébé et beaucoup d’entre nous pensent devenir chèvre et s’imaginent que leur allaitement sera toujours ainsi.

un amour de bébé endormi avec cigogne photo montage karine majet photographe

Il est bon alors de s’entourer de personnes qui ont de l’expérience dans le domaine, à savoir d’autres mères allaitantes, car la plupart d’entre elles vous diront que passé 2 ou 3 mois, ce qui semblait insurmontable au début est parfaitement intégré.

Leur bébé tète allègrement et elles peuvent même s’accorder des pauses de temps à autres, des sorties par exemple. Pour revenir à la notion d’allaitement mixte, il est courant de constater que le mixte précipite rapidement la fin de l’allaitement, soit parce que la lactation a été insuffisamment calibrée ou bien que le bébé a développé une préférence pour le débit du biberon. Quel type de biberon utiliser alors ?

En réalité, ce n’est pas tant la marque du biberon que la manière dont il est donné qui compte. Il est bon de donner le biberon à l’horizontale et d’observer le bébé. Si le bébé manifeste des signes de stress, on baisse alors le biberon et le repas peut alors durer 15-20 minutes.

Mon bébé pleure et j’ai le réflexe de lui donner le sein, même si je sais, au fond de moi, qu’il n’a plus faim. Puis-je utiliser de temps en temps un sucette pour le calmer ?

un amour de bébé photographe naissance paris studio photo équipé karine majet

Les bébés ne tètent pas uniquement pour se nourrir.

Ils tètent lorsqu’ils ressentent un inconfort (un rot coincé, une douleur à l’estomac par exemple). Les nourrissons réclament le sein pour se réorganiser, se sentir en sécurité, calmer un chagrin.

C’est intense oui. Des solutions pratiques existent pour les apaiser.

Lorsqu’on est lasse d’offrir le sein magique, on peut tenter le portage physiologique et proposer des bercements contenus.

Et ça, un tiers peut très bien s’en charger. Il n’y aura alors pas lieu d’introduire un accessoire dans la bouche du bébé qu’il serait difficile de supprimer par la suite. Des études ont également relevé que l’introduction de la tétine était susceptible d’amener un ralentissement dans la courbe de poids du bébé.

Les micro-tétées, aussi insignifiantes puissent-elles paraître à nos yeux, ont aussi une valeur calorique.

On m’a dit que les bébés allaités ne faisaient pas de rot, sauf que mon bébé semble avoir des régurgitations si je ne prends pas le temps d’un câlin après la tétée. Qu’en pensez-vous ?

Eh bien, certaines idées reçues sont tenaces. Les bébés allaités ont souvent besoin de faire un rot, pas systématiquement à chaque tétée, mais généralement, elles sont utiles pour le bébé.

Certains ont même besoin d’en faire plusieurs au cours d’une même tétée. Concrètement, c’est la maman qui est le plus à même de discerner si son bébé a besoin d’un rot ou non.

Quant aux régurgitations.

Elles sont très courantes. Près des deux tiers des bébés régurgitent souvent au cours de la journée. Leurs mamans, qui se sont faites repeindre le tee-shirt deux ou trois fois, ont alors pris le pli de sortir un grand lange ou une serviette pour éponger ce lait qui ressort sans déranger le bébé pour autant.

Ces manifestations sont physiologiques.

shooting naissance fontenay-aux-roses composition artistique avec des fleurs karine majet photographe

J’ai eu des crevasses pour mon premier enfant et j’ai dû arrêter l’allaitement au bout de 8 jours. J’étais si triste !
Du coup pour mon 2ème bébé je projette d’utiliser des bouts de seins. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous d’autres solutions (type crème) qui pourraient fonctionner ? Il paraît que le lait maternel à des vertus cicatrisantes.

De nombreuses personnes banalisent les douleurs que peuvent ressentir les mères en allaitant, alors que c’est un des motifs majeurs d’abandon.

Ressentir une sensibilité des mamelons les jours qui suivent la naissance du bébé est courant.

En revanche, craindre chaque tétée parce que des lésions sont installées et qu’elles ne guérissent pas est le signe que la maman mérite des solutions adaptées rapidement.

Les écrans en silicone (bouts de sein) sont une fausse bonne solution.

Il est primordial d’identifier l’origine des crevasses avec une personne compétente plutôt que d’ajouter un accessoire qui pourrait signer la fin de votre allaitement rapidement (il ne favorise pas un transfert de lait optimal et la lactation peut en pâtir) ou générer des douleurs périphériques (un engorgement par exemple en raison d’un drainage non optimal du sein).

Bref, il existe en effet un certain nombre de solutions.

Dans un premier temps, tenter de faire des pansements de lait maternel, à savoir des compresses stériles imbibées de lait, recouvertes de film alimentaire pour les maintenir en place que l’on change toutes les heures.

Si les crevasses persistent, consultez !

photo composite proposée par karine majet photographe pour les shootings naissance

Quelle est selon vous la durée minimale de l’allaitement ? Je reprends mon travail prochainement et je souhaitais savoir si je devais tirer mon lait jusqu’au 3 mois de mon boutchou.

Il n’y a ni durée minimale ni de durée maximale. La durée idéale est celle qui convient à la maman et à son bébé.

Bien entendu, il y a des recommandations de l’OMS par exemple qui encouragent un allaitement exclusif 6 mois durant et que l’allaitement soit complété par des aliments solides et se poursuive jusqu’aux deux ans de l’enfant environ.

Il y a les contraintes de la reprise d’une activité professionnelle. Il y a des facilités aussi.

Par exemple, en France, un tire-lait manuel ou électrique de bonne qualité peut vous être délivré sur ordonnance et vous permet d’entretenir votre lactation malgré les épisodes ponctuels de séparation imposés par la reprise d’études ou d’une activité professionnelle. Concrètement la décision appartient à la maman et des aménagements sont possibles.

Voyez si vous pouvez en discuter avec votre consultante en lactation.

Vous serez surprise parfois du nombre d’astuces qu’elle peut partager avec vous quelle que soit ce que vous déciderez pour la suite : poursuivre exclusivement votre allaitement, faire un allaitement partiel ou sevrer intégralement.

Comment mon bébé va t-il vivre le sevrage ? Ressent-il une frustration ? Vers quelle période puis-je l’envisager ?

Un bébé et sa maman aussi peuvent vivre des émotions riches et variables selon l’âge du bébé, la manière dont l’allaitement se déroule, le plaisir qu’il procure à l’un comme à l’autre.

Un certain nombre d’hormones sont impliquées dans l’allaitement, parmi lesquelles l’ocytocine qui est l’hormone de l’amour. De nombreuses mères par exemple ont constaté qu’elles avaient ressenti une forme de baby blues ou moment où le sevrage prenait forme.

conseillère en lactation questions de maman carole herve et karine majet photographe

De nombreux bébés sont susceptibles de refuser farouchement de se passer du sein quand d’autres n’en sembleront pas affectés. C’est toujours une question qui se vit individuellement.

Il est bon de s’écouter et c’est cette intuition qui permettra à une maman de faire son choix. Le sevrage mérite tout autant un accompagnement que le début de l’allaitement.

Le réussir, c’est garder un souvenir heureux de cette aventure que nul ne peut décider ou vivre à la place de la maman.

Une amie m’a parlé des coquillages d’allaitement. C’est naturel mais est-ce vraiment confortable ?

Les coquillages d’allaitement sont naturels en effet. Ce sont généralement des patelles qui ont été soigneusement limées de sorte à éviter que les bords ne soient coupants.

La nacre qui les constitue est connue pour favoriser la cicatrisation des mamelons.

En appliquant une goutte de lait sur le mamelon juste après la tétée, les mères ont remarqué que les irritations des mamelons disparaissaient.

En outre, certaines mères trouvent confortables que le mamelon ne soit pas au contact direct du tissu du soutien-gorge. Ces coquillages existent en différentes tailles. Ils sont là pour apporter du confort.

Si la marque du coquillage s’imprime sur le sein, ou que le mamelon est écrasé, il est bon de changer de taille de coquillage. Parlez-en au fabricant.

retouche photo naissance petite fille dans mains papa final

Pour terminer, pouvez-vous nous en dire plus sur tout ce qui pourrait gêner l’allaitement et les solutions que l’on peut y apporter. J’ai en tête : le frein d’allaitement, les bouts de seins des mamans qui sont trop courts ou ombiliqués par exemple.

Chacune de ces questions peut faire l’objet d’un nouvel article. Oui, ces facteurs sont susceptibles de constituer des contraintes dans la mise en place de l’allaitement.

Pour autant, les mamans sont très créatives et nombre d’entre elles parviennent à vivre leur projet d’allaitement malgré ce que d’autres auraient considéré comme une fin de non retour.

Concrètement, devant une difficulté d’allaitement quelle qu’elle soit, vous pouvez et méritez de trouver des réponses adaptées pour vous.

De nombreuses mères ont allaité harmonieusement alors que leur bébé présentait un frein de langue potentiellement restrictif, qu’elles avaient les mamelons d’une forme « particulière » dirons-nous ou qu’elles ont eu recours à des accessoires.

Il n’y a pas de réponse absolue à chacune de ces questions mais plutôt une multitude de solutions qui s’adapteront à chacune.